Newsletter de 10-2022

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jean Louis carli Idec sport

COURSE AU LARGE

Multiplast et la Route du Rhum, toute une histoire !

Avec pas moins de 17 bateaux (dont 14 entièrement réalisés, voir la liste ci-dessous), Multiplast sera l’un des chantiers les plus représentés au départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe,le 6 novembre prochain. L’occasion de revenir avec son directeur général Yann Penfornis sur l’importance de l’épreuve pour le chantier Vannetais.

 

 

 

 

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jean Louis carli Idec sport 1
© Jean-Louis Carli / Idec Sport

Multiplast est présent sur la Route du Rhum depuis 1986. Quel est votre plus grand souvenir ?

C’est assurément la victoire de Groupama 3 en 2010. Franck Cammas venait de décrocher le Trophée Jules Verne avec son équipage, nous préparions Groupama 4, le futur Volvo 70 avec lequel il allait 18 mois plus tard remporter la Volvo Ocean Race. Et entre les deux, il s’attaque à la Route du Rhum sur un bateau pas du tout conçu pour le solitaire ! Il a fallu des adaptations, bien entendu, mais aussi de l’audace et du talent. Et la suite a montré que ce trimaran était décidément bien né. Quatre ans plus tard, Loïck Peyron l’emporte (le trimaran s’appelle alors Banque Populaire VII). Je garde le souvenir de son coup de fil matinal, au large des Açores. Il avait repéré des fissures dans le carénage de bras avant et nous demandait s’il était raisonnable de continuer. En quelques minutes, il faut retrouver le plan, analyser le problème avec sang froid et donner une réponse qui vous engage totalement. Quatre ans plus tard, en 2018, au moment d’aller me coucher, François Gabart menait encore la course devant Francis Joyon, on connaît la suite avec cette troisième victoire consécutive. La nuit fut courte !

C’est aussi une course à double tranchant lorsque ça se passe mal…

Oui, quand ça gagne, le skipper est dans la lumière. Lorsque ça casse, on regarde les chantiers et architectes, c’est ainsi… c’est pourquoi la fiabilité est importante ! Je fais abstraction de la sortie de route, le chavirage, qui est un autre problème. En revanche, il faut parler de la probabilité de chocs avec un ofni. Aujourd’hui, c’est un problème majeur. Lorsque l’on faisait valoir les mérites d’un officier à Napoléon, il répondait « Fort bien, mais a-t-il de la chance ? » L’adage marche malheureusement pour un skipper. Pensez qu’Orange 2 a tourné autour de la planète en laissant deux sillages de quelques centimètres de large. Entre les foils, plans porteurs et aile de raie de la dérive, un Ultim développe 8 mètres de plans porteurs sous l’eau qui ratissent la mer à l’horizontale… Ceci dit, j’ai confiance dans les progrès qu’ont faits les Ultims. Je suis d’ailleurs très heureux de les voir tous alignés au départ suite au conflit qui a entaché cette année 2022 et ce serait cette fois-ci logique qu’un foiler sorte vainqueur de la bagarre.

Multiplast est présent dans trois des quatre classes à fort enjeu sportif (Ultim, Imoca, Class40). Y-a-t-il des bateaux que vous surveillerez plus que d’autres ?

En effet, nous n’avons pas d’Ocean Fifty au départ, mais la bonne nouvelle, c’est que nous démarrons la construction du futur Primonial de Sébastien Rogues, donc nous comblerons bientôt ce manque ! Mis à part les problèmes d’ofni sur les appendices que j’évoquais à l’instant, je ne crois pas que certains bateaux soient plus exposés que d’autres. Il faut croire en ce que l’on fait. Toutes les pièces en carbone pré-imprégnées sont vérifiées aux ultrasons, nous multiplions les contrôles… Autrement, nous ne les laisserions pas partir ! Nos quatre Class40 ont navigué dans du vent fort, jusqu'à tout dernièrement avec la qualification de William Mathelin-Moreaux. Celui pour lequel on pourrait avoir le plus d’appréhension est Malizia Seaexplorer. Boris (Herrmann) a souhaité un bateau particulièrement solide avec une structure très serrée, mais son timing ne lui permet pas de bénéficier de la même mise au point que des 60 pieds Imoca plus anciens. On regarde toujours un peu plus son petit dernier, donc sans doute que l’Imoca de Boris, avec qui nous avons noué une véritable relation amicale, sera notre bateau de cœur dans cette classe.

Les bateaux Multiplast sur l’édition 2022 du Rhum :

  • Ultim : Idec Sport, Maxi Edmond de Rothschild, Sodebo Ultim 3, Mieux, Maxi Banque Populaire XI (deux flotteurs), SVR Lazartigue (coque centrale), Actual (coque centrale).
  • Imoca : Malizia Seaexplorer, Prysmian Group, Fortinet-Best Western, DMG Mori, V and B-Monbana-Mayenne (coque et pont), China Dream-Haikou, Lazare.
  • Class40 : Dékuple, In Fluence, Fondation Stargardt, Happyvore-Café Joyeux.

 

 

un nouveau 60 pieds en commande mais un day boat

© Antoine Sézérat

 

NAUTISME


Un nouveau 60 pieds en commande... mais un day boat !

Après trois 60 pieds Imoca, construits en partie (coque et pont pour V and B-Monbana-Mayenne) ou en totalité (Malizia Seaxplorer et Paprec Arkéa, livré en janvier prochain), le chantier Multiplast va s’attaquer d’ici la fin de l’année à un autre monocoque de 18 mètres, mais pour un tout autre usage qu’un tour du monde en solitaire. Il s’agit en effet d’un day boat, commandé par un propriétaire, Jacky Setton, homme d’affaires franco-américain - ancien président de Pioneer France notamment -, fidèle du chantier depuis maintenant près de 15 ans.

Nous sommes toujours honorés qu’il revienne chez nous, c’est le cinquième bateau qu’il nous commande, se réjouit le directeur général de Multiplast, Yann Penfornis. Nous avons notamment procédé pour lui à la transformation de l’ex Innovation Explorer, qui a participé à The Race, en bateau de croisière (très) rapide, sous le nom de Swift ; nous avons également construit un 36 pieds, Roll Jack, un 30 pieds, Paja et un premier day boat de 60 pieds, Ciao Gianni (photo ci-dessus). Le prochain, sur plans Rolf Vrolijk, s’inscrit dans la lignée de Ciao Gianni, il est destiné au même programme : des navigations à la journée, avec cependant un design un peu différent.

En charge du projet après avoir œuvré sur l’Imoca de Boris Herrmann, Samuel Napoleoni détaille : “Par rapport à un Imoca, il est très différent : ce 60 pieds est quatre fois moins structuré et beaucoup plus étroit, avec un mât plutôt haut, de 24 mètres, il est assez raide à la toile. Et sa particularité, c’est qu’il est extrêmement simple pour un bateau de cette taille, très épuré, sans fioritures, avec un pont très plat et juste de quoi mettre les jambes dans le cockpit en T. A l’intérieur, il est quasi vide, il n’y a que les winchs captifs, les systèmes, les propulseurs, le moteur… C’est la volonté du propriétaire d’avoir un bateau efficace, facile à faire marcher et à entretenir.”

Construit en sandwich carbone/époxy, la coque en infusion, le pont et les structures en pré-imprégné/nid d’abeille, doté d’une quille fixe en acier, ce « one off » est en effet destiné à tirer des bords en solitaire, entre les îles du nord de la Sardaigne, où réside le propriétaire. Pour avoir possédé un grand nombre de bateaux, Jacky Setton sait exactement ce qu’il veut. “Les projets de ce type se comptent sur les doigts d’une main pour nous, mais c’est intéressant car c’est un exercice différent des bateaux de course, ajoute Yann Penfornis. Et le fait de travailler avec un propriétaire ayant des convictions, à la fois exigeant et esthète, qui ne cherche pas des bateaux à la mode, mais des bateaux à son goût, nous pousse dans nos retranchements. Par exemple sur Paja, Jack nous avait demandé si c’était envisageable que les bancs tenant les winches ne soient pas reliés au sol, comme si cette structure était en lévitation, ça nous avait conduits à nous gratter un peu la tête.”
La fabrication du moule de coque de ce futur 60 pieds vient d’être lancée, il sera livré mi-novembre à Vannes, où débutera la construction proprement dite pour une livraison clés en main, après des premiers essais en Bretagne, prévue fin juin en Sardaigne.

 

EN BREF

  • ALICE. L'avion électrique Alice, développé par Eviation Aircraft, dont Multiplast a réalisé le fuselage en sandwich carbone/Nomex, a effectué son tout premier vol depuis l'aéroport international Grant County de Moses Lake (État de Washington) le mardi 27 septembre.
  • SEABUBBLES. L'équipe SeaBubbles a présenté à l’occasion du Cannes Yachting Festival (6-11 septembre) le prototype de son nouveau foiler à hydrogène, “zéro vague, zéro bruit, zéro émission”, dédié au transport de passagers, dont Multiplast a construit la coque, le cockpit et le roof.
  • CLASS40. A deux mois du départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, Martin Le Pape a montré de belles choses à l'occasion de la Malouine 40’ Lamotte mi-septembre à Saint-Malo : après une septième place sur la course en solitaire de 24 heures, son Class40 Fondation Stargardt, construit chez Multiplast, s’est classé deuxième du Trophée Lodigroup, disputé en équipage.
  • IMOCA. Paprec Arkéa prend forme ! Le futur Imoca de Yoann Richomme, dont la construction a débuté en janvier 2022 chez Multiplast, va connaître une double étape capitale mi-octobre : le démoulage de la coque et l’assemblage coque/pont. Il restera ensuite aux équipes du chantier, secondées par celle du Team Paprec Arkéa, à finaliser le roof et le cockpit, à installer les systèmes (accastillage, électricité, électronique) et à peindre le bateau aux couleurs des deux partenaires. La livraison est toujours attendue pour janvier prochain.
  • IMOCA (bis). Victime d’une avarie de quille en mai dernier à l’occasion de la Guyader Bermudes 1000 Race, première course de la saison des Imoca Globe Series, Corum L’Épargne a été remis à l’eau le 29 septembre, après être passé pendant trois mois entre les mains des équipes de Multiplast. Celles-ci ont greffé les nouveaux éléments de structure intérieure de quille et le nouveau fond de coque fournis par l’équipe de Nicolas Troussel qui pourra ainsi prendre le départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe.
  • GUNBOAT. Les deux premiers exemplaires du Gunboat 80, dernier-né du chantier de La Grande Motte, voient peu à peu le jour : le n°1, dont Multiplast a livré la nacelle le 23 septembre, est en cours d’assemblage dans le sud de la France, tandis que la construction de la nacelle du n°2 vient de débuter à Vannes, où ont aussi été fabriquées les cloisons de poutre, également livrées en septembre.

 

 

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L’avion électrique Alice, un des projets aéronautiques de Multiplast (© Eviation)

 

 

DANS LE GROUPE CARBOMAN

Avec le GIE Albatros, innovation et collaboration

Le GIE Albatros (*), dont Multiplast fait partie des membres fondateurs, permet de fédérer des PME industrielles, autour de l’innovation collaborative portant sur les procédés et les matériaux. A ce titre, il accueillera les 17 et 18 novembre à Lorient les Journées Techniques du SAMPE France (Society for the Advancement of Material Process Engineering), l’occasion d’échanger avec Régis Binet, son secrétaire général.

Pouvez-vous nous présenter le GIE Albatros ?

Nous avons une formule pour le résumer : c’est un cluster de PME industrielles fait par les PME. L’objectif, c’est de créer des synergies afin de travailler sur des projets d’innovations collaboratifs portant sur les matériaux, les procédés et des produits. À l’origine, dix entreprises se sont regroupées afin d’être à l’écoute de projets en montage à l’Institut de recherche technologique Jules Verne basé à Nantes, dont le GIE est membre fondateur. Nous initions des projets d’innovation dans les secteurs de l’aéronautique, du naval, de l'énergie et de la mobilité terrestre. Désormais, nous sommes un groupement de 16 PME et ETI françaises, principalement basées dans l’ouest de France, représentant plus d’un milliard de chiffre d’affaires et 7 500 collaborateurs. Ensemble, nous avons contribué à l’émergence de plus de 70 projets, regroupant des entreprises de filières et d’horizons différents.

Multiplast fait partie de ses membres fondateurs. Quels sont les projets qui ont bénéficié plus spécifiquement à la société morbihannaise ?

Nous avons d’abord travaillé pour Multiplast au développement d’une pale hydrolienne en composite avec un consortium de sept entreprises (Socomore, Hydrocean, Meca, Omega Systèmes, Loiretech, Europe Technologie et Pinette Emidecau). Une autre initiative, baptisée le Projet Success, visait à développer des méthodes de calcul et de simulation de composite immergé soumis à l’impact des vagues et à l’exposition sous-marine. Cela a notamment permis à Multiplast d’optimiser les épaisseurs de composite afin de répondre à ses clients des secteurs du nautisme et de la défense. Dans le même temps, l’entreprise a travaillé sur le projet SolidSail, porté par les Chantiers de l’Atlantique, afin de construire une voile rigide. L’objectif global est de fédérer les compétences et de faire émerger des innovations entre plusieurs structures afin d’apporter la réponse appropriée à nos clients.

Le GIE Albatros est également sponsor d’accueil des Journées Techniques du SAMPE France, événement qui réunit chaque année les professionnels de l’ingénierie des matériaux et procédés. Et pour la première fois, il aura lieu à Lorient, les 17 et 18 novembre prochain…

Le SAMPE France est un rendez-vous qui est traditionnellement tourné vers l’aéronautique. Mais il nous tenait à cœur de nous rendre en Bretagne pour valoriser le domaine naval. Il nous paraissait important également de souligner l’attractivité et la vitalité de la région en matière de composite. Le savoir-faire est là, à ce sujet comme dans la capacité technique à faire voler les bateaux. Après une première journée le jeudi 17 novembre dédiée à des conférences techniques, Multiplast organisera le lendemain des visites d’entreprises particulièrement attendues, dont une de ses ateliers à Vannes (**).

(*) Groupe d’intérêt économique alliance d’entreprises au bénéfice des actions thématiques de recherche à objet scientifique

(**) Directeur général de Multiplast, Yann Penfornis présentera à cette occasion deux “business cases”, SolidSail et la construction de l’Imoca Paprec Arkéa.
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Dirigeant associé du groupe Carboman depuis son rachat annoncé en juin dernier, Jean-Denis Bargibant souligne l’importance pour le groupe d’être associé au SAMPE et aux Journées Techniques du 17 et 18 novembre : “Notre métier historique de construction de bateau étant ponctué de pics et de creux en fonction du calendrier des courses au large, il est primordial pour le groupe de se diversifier sur des marchés stables et en croissance, “décyclés” du nautisme. L’aérospatial en est un majeur, dont nous ne sommes encore qu’un outsider, notre participation au SAMPE et notre adhésion au GIE Albatros sont à ce titre capitales pour nous aider à communiquer, à pousser quelques portes et à confirmer notre présence sur un marché très long à pénétrer.


Pour vous inscrire aux Journées Techniques du SAMPE France, c’est ici !

 

 

Contacter Multiplast : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. | 06 12 05 86 97

 

"If your dreams don't scare you, they are not big enough"