NEWSLETTER 2020-12

____________________________________________________________________

class40 1Multiplast se lance dans le Class40

Multiplast a démarré le 1er décembre la construction du moule de son tout premier Class40, qui sera mis à l’eau en juillet prochain. Fruit d’une collaboration avec le cabinet VPLP, ce 40 pieds commandé par l’Italien Andrea Fornaro (voir ci-dessous) sera suivi d’un deuxième exemplaire mi-août pour Nicolas d’Estais (voir ci-dessous), voire d’un troisième en vue de la Transat Jacques Vabre. Yann Penfornis, directeur général du chantier vannetais, explique ce tournant stratégique.

 

 

 

 

 

 

 

Etait-ce une volonté de votre part de mettre un pied dans la Class40 ?

Oui, c’est une décision stratégique pour nous, à laquelle nous réfléchissions depuis un an et demi. Pour plusieurs raisons : d’abord parce que ce sont des bateaux intéressants techniquement ; ensuite parce que la Class40 est clairement en train de s’étoffer, avec des courses qui vont de l’inshore à l’offshore - y compris, désormais, des tours du monde - et touchent à la fois l’amateur éclairé et le skipper professionnel ; et enfin parce qu’on imagine, dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale, que les sponsors s’intéresseront sans doute dans les mois qui viennent à des projets plus raisonnables. Ce qui nous plaît aussi, c’est de collaborer avec VPLP : nous avons des habitudes ensemble depuis longtemps et un voisinage immédiat qui rend les choses très simples.

Est-ce un pari sur l’avenir ?

Oui, c’est un pari économique, parce que nous avons décidé de casser la logique de faire payer les moules au premier client, qui est celle des projets Ultimes et Imoca : ces équipes se paient des moules pour faire des bateaux, avec la possibilité derrière de les amortir partiellement en les louant à d’autres teams. En Class40, comme les budgets sont plus petits, nous nous sommes dit que c’était au chantier de prendre le risque d’investir dans le moule, en misant sur le fait de fabriquer plusieurs bateaux derrière. C’est extrêmement rare pour nous de prendre ce risque. La dernière fois, c’était pour le Formule 40 Jet 40 en ... 1986 ! Et il n’y avait pas eu de second bateau construit, ce qui avait un peu refroidi Gilles Ollier (fondateur de Multiplast). Là, nous avons considéré avec Dominique Dubois que c’était le bon moment pour le faire. Et pour l’instant, ce pari nous donne raison, puisque nous avons obtenu un accord de principe pour un deuxième bateau pour Nicolas d’Estais (voir ci-dessous). Le premier sera livré mi-juillet, le second mi-août, et nous sommes en mesure de sortir un troisième bateau dans les délais pour la Transat Jacques Vabre. L’objectif est de trouver un troisième client.

Est-ce aussi un challenge technique pour vous ?

Oui, parce que c’est notre premier Class40, nous avons donc envie de nous donner les moyens de construire un très bon bateau. La complexité de ce projet est de faire un bateau léger en infusion, ce qui nécessite d’aller très loin dans le traitement des détails. L’autre chose intéressante, c’est que les équipes clientes n’ont pas la même dimension que celles auxquelles on peut avoir à faire sur des Ultimes ou des Imoca. Ici, on va livrer le bateau clés en main, alors que d’habitude, les postes accastillage, peinture ou gréement sont traités directement par les teams. Et je dois dire que c’est assez agréable de gérer la totalité du projet, ce que nous ne faisions plus ces dernières années sur les bateaux de course.

 

CLASS40

 Andrea Fornaro et Nicolas d’Estais, premier servis !

La Class40 a le vent en poupe ! Depuis la mise à l’eau en août 2019 de Crédit Mutuel, premier 40 pieds post-Route du Rhum en forme de scow, les annonces de construction de nouveaux bateaux se sont enchaînées. Certains ont déjà été mis à l’eau, pour Olivier Magré et Antoine Carpentier, d’autres sortiront de chantier dans les semaines et les mois à venir, pour Axel Tréhin, Aurélien Ducroz, Jonas Gerckens, Jean Galfione, Jörg Riechers… Et ce n’est pas fini, tant la demande semble forte à deux ans de la Route du Rhum 2022.

 

Ce dynamisme n’a pas échappé au cabinet d’architecture VPLP et au chantier Multiplast qui ont décidé d’unir leurs forces pour à leur tour entrer sur ce marché. « Le projet s’est lancé le jour où on a vu des scows arriver et marquer une différence assez sensible au niveau des performances, ce qui allait forcément induire un renouvellement de flotte, explique Vincent Lauriot-Prévost, cofondateur de VPLP. Cela faisait un bout de temps que l’on voulait entrer dans cette classe, c’était l'occasion d'y aller, d’autant que Multiplast était d’accord pour jouer le jeu et construire plusieurs exemplaires. Une rencontre avec un skipper a fini de nous convaincre. »

En l’occurrence avec l’Italien Andrea Fornaro, qui, après deux participations à la Mini-Transat (16e en série en 2015 et 5e en proto en 2017), souhaitait se lancer en Class40 sur un projet ambitieux après s’être d’abord familiarisé au support sur Tales II, loué à Loïc Féquet. « J’ai été mis en relation avec VPLP et Multiplast par un ami, je suis très content de travailler avec eux. Nous avons pas mal échangé autour du bateau, mon objectif est qu’il soit polyvalent, je suis aussi très attentif au confort à bord, à la facilité de manœuvres et à la fiabilité, mais là-dessus, j’ai 100% confiance, je suis sûr qu’ils vont me faire un bateau solide », confie le Transalpin. Andrea Fornaro mène ce projet, en vue de la Transat jacques Vabre, avec un skipper russe, Igor Goikhberg, (ils ont terminé 7e de la Normandy Channel Race en septembre), avant de s’attaquer l’année suivante à la Route du Rhum.

 

class40
© VPLP

 

L’attelage VPLP/Multiplast et la possibilité de disposer d’un bateau neuf dès l’été prochain ont également convaincu un autre marin issu de la classe Mini, Nicolas d’Estais, de passer commande : « VPLP et Multiplast, c’est la dream team ! s’enthousiasme celui qui a terminé deuxième de la Mini-Transat 2019 en série. J’ai eu l’occasion de visiter Multiplast, on a plus l’impression d’être dans un chantier d’aéronautique qui fait aussi des bateaux de course, on sent qu’il y a zéro concession sur la qualité, c’est très carré. Quant à VPLP, j’ai adoré leur approche, ils ont pris le temps d’interroger des navigants, des maîtres voiliers, des entraîneurs comme Tanguy Leglatin, pour avoir leurs retours d’expérience afin d’être le plus juste possible. On sent que c’est vraiment leur volonté de se développer sur ce circuit. »

Ce que confirme Vincent Lauriot-Prévost : « On a effectivement mené notre petite enquête, on a redessiné les bateaux existants en les passant dans notre logiciel de CFD pour déterminer les avantages et les inconvénients des différentes options. Toute cette période préparatoire et exploratrice, qui nous a pris trois mois, a clairement représenté un investissement pour nous, mais on avait décidé de le faire. »

A quoi ressemblera ce premier Class40 « made in » VPLP/Multiplast ? « Nous n'avons pas essayé de concevoir un bateau très optionnel, mais plus de miser sur la polyvalence, répond l’architecte. Il y a beaucoup de côtes contraignantes dans la jauge qui empêchent d’aller chercher des gros bords de cadre, mais on bénéficiera tout de même des dernières évolutions, notamment au niveau des formes avant et sur la ligne de franc-bord. » Résultat des courses en juillet prochain.

 

EN BREF

 

  • Sodebo Ultim 3 et le Maxi Edmond de Rothschild, dont les plateformes ont été construites chez Multiplast, se sont élancés le 25 novembre à l’assaut du Trophée Jules Verne. Malheureusement, leur tentative s’est arrêtée au bout de 16 jours pour le premier (avarie de safran tribord) - alors qu’il était dans les temps du record d'Idec Sport (40 jours 23h30) ; après un peu moins de 3 jours pour le second (foil et safran bâbord endommagés), désormais de nouveau en stand-by.
  • Le troisième fuselage d’Alice, l’avion électrique développé par la société israélienne Eviation Aircraft et construit chez Multiplast, entre dans sa dernière ligne droite, puisque l’assemblage a débuté. La livraison est toujours prévue début Mars.
  •  Directeur général de Multiplast, Yann Penfornis a reçu le prix du projet industriel 2020 lors des Trophées des ingénieurs du futur 2020, organisé par les rédactions de L’Usine Nouvelle et d’Industrie & Technologies.
  • La 36e Coupe de l’America entre dans le vif du sujet en janvier avec la Prada Cup (15 janvier-22 février), dont le vainqueur défiera le defender Emirates Team New Zealand (6-21 mars). Le Groupe Carboman est une nouvelle fois présent dans la compétition, puisque Décision a réalisé des pièces composites pour les Italiens de Luna Rossa Prada Pirelli, tandis que Multiplast a construit les moules de coque et de pont du premier AC75 d’Ineos Team UK, puis le moule de pont du deuxième.

 

DANS LE GROUPE CARBOMAN

Plasteol vise de nouveaux marchés

Rachetée en 2015 par Carboman, la société Plasteol, spécialisée dans la maintenance des pales d’éoliennes, joue sur les complémentarités avec les autres entités du groupe pour continuer à se développer. Explication avec son directeur des opérations, Pierre Le Joubioux.

Comment est née l’entreprise Plasteol ?


A l’origine, il y a d’abord Plastinov, une société fondée en 2006 pour fabriquer des pièces en composite et notamment des pales d’éoliennes, qui, en 2012, a créé Plasteol pour assurer leur maintenance. L’ensemble, basé à Samazan, dans le Lot-et-Garonne, a été racheté en 2015 par le Groupe Carboman. Nous avons ensuite créé en 2017 une nouvelle antenne de Plasteol à Vannes. Aujourd’hui, nous sommes 9 salariés pour un chiffre d’affaires de 750 000 euros que nous réalisons pour l’instant uniquement en France. Nos clients sont de deux types : d’une part, les sociétés qui exploitent les parcs éoliens, donc de grands acteurs comme EDF Renouvelables ou Engie Green ; d’autres parts les fabricants d’éoliennes, comme Vestas, Enercon, Nordex, Siemens Gamesa, qui sous-traitent parfois la maintenance, parce qu’il n’est pas facile de trouver des gens compétents en composite qui peuvent travailler à 60 m de haut.

Quel profil ont justement les salariés de Plasteol ?


Nous avons deux profils : d’abord des spécialistes du composite, que nous allons former au travail en hauteur, car avant d’œuvrer sur la partie strictement composite de la pale, il y a tout un travail de mise en place à faire en amont ; ensuite, à l’inverse, des gens qui viennent plutôt de l’éolien ou du milieu de la hauteur et qu’on va former au composite.

 

plasteol


© Plastéol

Le rachat par le Groupe Carboman vous a-t-il permis de créer des synergies ?


Oui, et ces synergies sont vraiment très importantes. D’abord parce qu’en termes d’image, quand on travaille avec des interlocuteurs qui sont de grands donneurs d’ordres, c’est un plus de faire partie d’un groupe de 180 personnes. Et, dans les faits, il y a beaucoup d’interactions dans différents domaines : la sécurité et la qualité, pour lesquelles nous avons mis en place au sein du groupe des plans d’action continus ; les process de travail, avec des gammes de réparation écrites en collaboration avec le bureau d’études de Multiplast qui assure une sorte de hotline. Il y a aussi la formation : Multiplast étant reconnu comme centre de formation, j’ai pu y mettre en place un parcours spécifique pour la maintenance de pales avant la saison. Et il y a des passerelles internes, puisque l’hiver - notre activité se déroulant d’avril à octobre -, les salariés de Plasteol vont travailler pour les autres sociétés du groupe.

Quels sont les axes de développement de Plasteol ?


Nous sommes en train de nous développer dans l’inspection de pales, c’est un gros volume sur lequel on se positionne. Nous démarchons aussi des parcs d’attractions, où on va retrouver la notion de travail en hauteur, pour des activités de maintenance que nous pourrions assurer l’hiver. Le vrai challenge est de trouver suffisamment d’activité pendant l’hiver pour pouvoir augmenter nos effectifs. Nous sommes d’ailleurs en phase de recrutement pour accompagner cette croissance.

 

Plus d’information


Yann Penfornis : +33 2 97 40 98 44 / +33 6 12 05 86 97

"If your dreams don't scare you, they are not big enough"